Si ce n’est pas sur la page, ce ne sera pas dans la scène – Robert De Niro
Si le scénario peut s’enseigner, comme je le crois, c’est plus par l’exemple que par les livres. A quoi bon, alors, un livre de 780 pages ? A ceci peut‑être : essayer de comprendre le scénario, et mesurer, au moins intellectuellement, le chemin qui nous en sépare. Humble activité, travail imparfait, mais tâche nécessaire
Les scénaristes lisent, aiment et ont besoin de livres : c’est pourquoi ils en écrivent de temps à autre. Porter une pierre à l’édifice de ce que l’on aime avec passion toujours et raison parfois. Or quel livre plus urgent, pour chacun des passionnés du cinéma et de l’audiovisuel, qu’un traité du scénario ? Et quoi de plus digne d’intérêt, dans le cinéma, qu’un traité de scénario ?
Qu’est‑ce qu’un scénario ? Une œuvre puissante et majeure au service du produit filmé. Œuvre complète et transitoire. Œuvre éphémère disparaissant au profit du film. Dissolution physique et intellectuelle péjorative qui occulte, encore de nos jours, cet outil primordial à l’œuvre finie. La récente publication de livres reprenant le contenu in extenso de scénarios est une timide mais inéluctable reconnaissance de la valeur intrinsèque de ces derniers et de ses auteurs.
Si l’ensemble de cet ouvrage est à usage didactique, pour étudiants en audiovisuel et scénaristes naissants, il poursuit, autant que faire se peut, le dessein de transcender l’entité artistique du scénario du profane au scénariste confirmé.
J’ai beaucoup cité dans cet ouvrage, peut‑être trop chez certains. C’est une volonté délibérée. Je voulais faire œuvre efficace, plutôt qu’élégante. D’où, la multiplication de références hachant la lecture, à l’identique de celle d’un scénario, par une grande quantité de notes de bas de page. Elles sont faites, pour le travail. Partant du principe que les cinéastes actuels n’ont rien inventé que Georges MELIES n’ait produit un siècle avant eux, je n’ai pas tenu à faire œuvre de détenteur de la spécificité de ce qu’ARISTOTE avait déjà énoncé quelques 400 ans avant notre ère, usité par les plus grands scénaristes de ce siècle. Je n’ai fait que les reprendre. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai rien exposé de moi-même dans cet ouvrage, au contraire. Tout ce que j’ai pu y introduire de personnel, c’est ce que les autres m’ont donné à découvrir au cours de ma vie professionnelle. Ce que j’ai reçu. Ce que j’ai retenu et transformé au cours de travaux, de conflits, d’expériences, et d’écoutes.
Je considère cet ouvrage comme la simple continuation de leurs efforts. S’il est reconnu en tant que tel, j’aurai rempli mon contrat auprès d’eux et du lecteur.
Bernard Trémège